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Méthodologie de la prospection aérienne

Équipage et avion

L’avion léger d’aéroclub est idéal pour la prospection aérienne. Loué à un coût horaire modeste, il offre la sécurité et la maniabilité nécessaires à des survols pouvant durer plusieurs heures. En suivant une route prédéterminée, l’équipage évolue à une altitude moyenne de 300 à 400 mètres. À la moindre anomalie repérée un survol du site est effectué en virages spiralés, l’avion légèrement incliné pour dégager la vue et obtenir plusieurs angles.

Enregistrements et clichés

Pendant le vol, l’enregistrement des prises de vue est méthodique pour l’exploitation et le dépouillement au sol. Les assistants de navigation (G.P.S.) et le passage de la photographie argentique au numérique ont grandement simplifié la tâche. Le numérique offre en effet un confort certain : les logiciels de retouches pour faciliter l’interprétation, un couplage avec de l’information géographique, un stockage dématérialisé, un archivage et une indexation aisés mais aussi un partage instantané avec les professionnels et le public sur la toile. Comme ses aïeux pionniers, l’archéologue aérien du XXIème siècle évolue avec son temps…

Plounévézel, Kerbarz. Maurice Gautier, 03/07/2012.

Plounévézel, Kerbarz. De nombreuses anomalies phytographiques sont visibles sur le cliché. Au centre, des différences de teinte sur herbages dessinent le plan d’un petit enclos de forme ovale. En haut se reconnaît un tronçon de voie romaine bien matérialisé par ses bermes latérales restées plus vertes à l’aplomb des fossés comblés alors que la chaussée empierrée connaît un dessèchement caractéristique.


 

En quête d’indices

L’Homme, depuis des millénaires, creuse des fossés, des fondations, des trous de poteaux, extrait des matériaux, maçonne des murs, élève des talus... Ces aménagements, longtemps après leurs abandons, laissent des cicatrices dans les sols et les sous-sols. Tâches d’humidité, anomalies de croissance des cultures (indices phytologiques), teintes blanchâtres, ombres portées trop régulières, etc. L’archéologue aérien scrute le paysage pour déceler tout indice trahissant la présence d’anciennes occupations humaines. Des apparitions qui ne se font ni partout, ni en toutes circonstances…

 

Carhaix, Goasseac'h. Maurice Gautier, 16/07/1996

Carhaix, Goasseac’h. Au milieu du paysage encore bocager apparaît une curieuse anomalie topographique délaissée par les cultures : sorte de butte allongée, visiblement bipartite et en discordance avec les orientations du parcellaire environnant.


 

 

Trois conditions pour une bonne observation :

 

1  Une météo propice. Peu de pluie, de la luminosité et de fortes chaleurs : le paradis de l’archéologue aérien. 
2  Des sols légers et peu profonds. Les sols limoneux sont peu favorables à la détection aérienne. 
3  Des paysages ouverts. Peu bocager, le paysage sera une fenêtre sur les temps anciens. Le remembrement des années 60-80 est concomitant du développement de l’archéologie aérienne, ce qui n’est pas un hasard.

Après le vol

De retour sur le plancher des vaches, le prospecteur examine sa récolte. Pour chaque site détecté, il noircit une fiche d’inventaire à partir de ses notes de bord : date, localisation, description et premières hypothèses... Un détour par les cadastres anciens peut offrir de précieuses informations.

Survols et contrôles au sol vont de pair. De retour sur le site, par la route cette fois, et toujours avec l’aval du propriétaire du terrain, la prospection pédestre permet de récolter tout mobilier datant.

Une fouille n’aura lieu qu’en cas de menace sur le site, ou dans le cadre d’un projet scientifique. 

Saint-Igeaux, Kerboar. Maurice Gautier, 8/06/2005

Saint-Igeaux, Kerboar. Le site et ses enclos ont été découverts en juillet 1996 puis prospectés au sol par Claudine Bernard en 2002. Elle y a découvert une trentaine de fragments d’épées en bronze qui ont entraîné plusieurs campagnes de sondages et de fouilles d’Yves Menez, de Muriel Fily et de Maréva Gabillot. Ces travaux ont permis la découverte de 4 remarquables dépôts de l’âge du Bronze sans rapport avec les fossés repérés en aérien qui sont datés de l’époque gallo-romaine. Ce lieu est probablement un important site cultuel de l’âge du Bronze, non circonscrit par des clôtures.