Courte histoire de l’archéologie aérienne
La prospection depuis les airs des sites archéologiques enfouis ou arasés, invisibles vus du sol, émerge au début du XXème siècle. La pratique se développe dans l’entre-deux guerres, grâce aux avancées technologiques de l’aéronautique et de la photographie. Outre-manche, Osbert Guy Stanhope Crawford (1886-1957) comprend en survolant les campagnes anglaises que le remblaiement de fossés et la présence de maçonneries sont à l’origine des pousses différentielles dans les cultures, faisant apparaître les plans de bâtiments, de sites funéraires et de parcellaires très anciens. Avec cette base méthodologique, le flambeau est repris après-guerre par des passionnés.
En 1976, année de sécheresse exceptionnelle, des survols partout en France révèlent les sites archéologiques par milliers. Une première mission parcourt le centre Bretagne avec à son bord Pierre-Roland Giot (1919-2002) et Charles-Tanguy Le Roux. Ils repèrent de nombreux enclos, montrant une densité de sites insoupçonnée sur ce territoire où l’observation est compliquée du fait d’un bocage encore très présent.
La dynamique est enclenchée.
Depuis 1986, les programmes de prospection-inventaire sont encouragés par l’Etat, via les Services Régionaux de l’Archéologie. Des crédits, du Ministère de la Culture et des conseils départementaux bretons, sont alloués chaque année pour financer les survols. Ces prospections alimentent en retour la Carte Archéologique Nationale. En Bretagne, près de la moitié des sites qui y sont enregistrés ont été repérés par l’archéologie aérienne.
Plouguernével, Kerjean. L’un des nombreux enclos révélés par la campagne de Giot et Le Roux. On en voit ici plusieurs, emboîtés, dans les champs de part et d’autre d’un talus.
Archéologues volants
Peu nombreux sont ces bénévoles, animés par la passion de l’archéologie et le frisson de la découverte inédite, à s’envoler en quête des traces résiduelles du passé dans nos paysages quotidiens : leurs terrains de jeux.
En Bretagne, comme ailleurs, un découpage du territoire se fait naturellement entre archéologues volants. Cette exposition, consacrée au centre-ouest Bretagne, est nourrie par le travail de plusieurs d’entre eux. Celui de Roger Bertrand (†) et de Bernard Ginet, auteurs de prospections dans la vallée du Scorff et de l’Ellé dans l’ouest du Morbihan. Celui de Patrick Naas, toujours actif, qui étudie le territoire des Vénètes au décollage de Pontivy.
Enfin, celui de Maurice Gautier, instituteur aujourd’hui retraité, à l’affût depuis 1992 dans le centre Bretagne. Il a longtemps survolé un secteur situé entre Merléac et Châteauneuf-du-Faou, sans s’être privé de quelques incartades côtières (Trégor, Porzay). On le retrouve désormais plus régulièrement au-dessus du Porhoët (Ploërmel, Mauron) et au sud de Rennes. De par sa zone d’étude de prédilection, les photos présentées dans cette exposition sont le plus souvent de lui.
L’aéroclub d’Ille-et-Vilaine, à Saint-Jacques-de-la-Lande, est l’épicentre de nombre d’expéditions. On retrouve sur cette photo, de gauche à droite, assis, Claude Saulais, Gabriel Protois, Serge Rabu, Gilles Leroux, Maurice Gautier, Valérie Protois ; debout, Jean-Yves Breuille, Didier Touffet, Philippe Guigon.